Portrait d’un scandale
Résumé
Traduit de l’anglais par Chantal Ringuet
Au cours de l’hiver 1868, la bourgeoisie montréalaise est en émoi. Le nom de Notman, synonyme de photographie de grande qualité, fait soudainement les manchettes pour une affaire d’«avortement» et de «suicide». Dans une société prude qui se tient à distance de toute inconduite sexuelle, tout en faisant les gorges chaudes des frasques sexuelles des uns et des autres, il n’en fallait pas davantage pour que la machine à rumeurs s’emballe.Quelque douze années plus tôt, deux frères quittaient leur pays natal, l’Écosse. William Notman, le plus vieux des frères, allait devenir le propriétaire de la plus importante entreprise photographique en Amérique du Nord. À l’opposé, Robert, le plus jeune, a été impliqué dans un drame. Après avoir séduit la belle et ambitieuse Margaret Galbraith, une étudiante de l’école normale de McGill, il s’est organisé pour qu’elle se fasse avorter par un jeune médecin qui s’est suicidé peu de temps après. Le procès de Robert Notman est rapidement devenu une cause célèbre dans le tout nouveau Dominion du Canada en 1868. C’est cette page de l’histoire montréalaise que fait revivre avec brio la journaliste Elaine Kalman Naves.
"Sur les photos de William Notman, la bourgeoisie montréalaise de la fin du XIXe siècle est souvent guindée. Pas de sourire. Tenue austère. Environnements cossus. Or, en coulisses, plusieurs drames se sont joués, comme celui impliquant Robert Notman, frère de William. Tous deux sont arrivés ensemble à Montréal en 1858, fuyant l’Écosse où leur père a été condamné pour fraude. Après avoir mis enceinte la dame de compagnie de sa mère, Robert aurait demandé au jeune Dr Patton de l’avorter. Or, la maîtresse donne des signes de faiblesse après l’avortement. Le médecin, croyant l’avoir tuée, se suicide dans les heures qui suivirent. À l’époque, l’avortement est interdit par la loi et les médecins condamnés pour en avoir perpétré. Plus qu’une histoire sinistre, ce livre décrit le contexte dans lequel elle est survenue : un Montréal puritain, dont on retrouve peu de traces aujourd’hui."
– Caroline Montpetit